Bernadette chez les Maharajahs
Pour une fois, nous avons fêté Noël en France. Quelques jours auparavant, nous avions reçu confirmation qu'en raison de la grève des transports, nos 4 trains étaient annulés. Nous avons donc dû acheter de nouveaux billets pour des trains à des horaires différents. En revanche, pas de nouveau train pour le premier voyage, qui devait nous emmener à Tours.
Arrivée sans problème à Roissy, nous avons tenté le premier train et bingo il y a avait des places.... affiché comme complet sur le site internet, le train était quasiment vide... comme côté Metro, il y avait aussi grève, nous avons pris un taxi en arrivant à Paris, mais avons eu de la chance que des amis nous emmènent pour reprendre le train a Paris pour Metz et pour aller à la gare Lorraine TGV pour Roissy.
Malgré les désagrements liés aux transports, nous avons eu l'occasion de voir nos parents ainsi que les amis que nous n'avions pas vus depuis belle lurette.
Après la France, nous nous sommes arrêtés quelques jours en Inde, qui est sur le chemin (ou presque). Le but: visiter New Delhi, Agra et Jaipur, connus sous le nom de "triangle d'Or". Les photos sont accessibles ici, mais elles ne rendent pas justice aux couleurs, aux détails que nous avons pu voir, par un temps souvent couvert.
Nous sommes arrivés à New Delhi le matin du 27 Décembre où nous avons attendu plus d'une heure pour passer l'immigration. Notre chauffeur, que nous avions pris pour l'ensemble du séjour nous attendais sagement et nous a emmenés à notre hotel.
Dans l'après midi, nous avons débuté nos visites express de la ville. New Delhi est la capitale administrative de l'Inde depuis 1911, après Calcutta (1857-1911) et Old Delhi (depuis l'empire Moghol jusqu'en 1857). Old Delhi est maintenant une petite enclave au sein de New Delhi.
notre guide et notre chauffeur nous a d'abord conduit au parlement, puis à la Porte de l'Inde, pour ensuite aller au mémorial de Gandhi. Dehors, il y avait un espèce de brouillard mélangé à la pollution, et des températures assez fraîches (6 degrés). Les routes de New Delhi sont assez larges, mais d1es que lón entre dans ce qui était New Delhi, elles sont plus étroites, et l'on voyait davantage de mendiants/personnes s'affairant dans des petits étals de fortune au bord de la route. Parfois près des ponts, des groupes de personnes se réchauffaient auprès d'un petit feu.
Nous sommes passés devant le grand fort de Delhi (Red fort), copié sur celui d'Agra. Nous nous sommes arrêtés à la tombe d'Humayun.
Fils de Babur, Humayun est l'un des premiers empererurs moghols (premiere moitié du XVIe siècle). Sa femme a ordonné la construction de ce mausolée, hérité de Samarcande (maintenant en Ouzbekistan), grâce à un architecte perse. Les bâtiments et jardins ont été plusieurs fois restaurés, notamment après la partition de l'Inde et les musulmans qui s'y installèrent avant de migrer au Pakistan.
Ensuite, peu avant la tombée de la nuit, nous avons parcouru les allées menant a Qutb Minar ("la tour de la victoire"), intialement construit en 1199 par Qutb-ud-din Aibak, le premier sultan de Delhi, qui marque le début de la domination musulmane en Inde. Le minaret de 5 étages fut restauré après des dommages dûs aux éclairs et aux tremblements de terre. Le minaret est d'inspiration afghane avec un diametre de 14m à sa base, avec 379 marches jusqu'au sommet. A côté du minaret se trouve une vieille cité, dont il ne reste que des vestiges: la mosquée, le temple et le pilier de fer (autour duquel, si on arrivait à enserer de ses bras, un voeu se réalisera). Nous n'avons pas eu le temps d'en voir davantage, car nous étions ralentis par la circulation difficile de Delhi et l'heure tardive.
Le lendemain 28 Décembre, avant de partir pour Agra, nous sommes allés passer un moment dans les jardins de Lodi. les jardins sont dédiés à Sikandar Lodi, fils de Bahbul et créateur d'Agra. On y trouve encore des dômes, une mosquée et un vieux pont du temps de l'empereur Moghol Akbar. Et puis nous avons pris la route, par un épais brouillard, pour Agra, avec une pause pour le déjeuner. Agra est la capitale de la province de l'Upper Pradesh, un des états les plus peuplés et les plus pauvres de l'Inde. Et c est ce que nous avons constaté, avec beaucoup de constructions précaires, des personnes visiblement pauvres, alors qu'en outre il faisait particulièrement froid. Particularité de la région, les vaches se déplacent librement dans les rues, voire les routes. Il y avait aussi beaucoup de chiens errants, maigres et blessés pour certains. Nous sommes arrivés à notre logement frustre mais avec un petit chauffage d'appoint (ouf...) et de bonnes couettes, avant de partir visiter le majestueux fort d'Agra.
Le fort a été construit par Sikandar Lodi lorsqu'il a déplacé la capitale de Delhi à Agra. Pour se protéger de l'ennemi, surtout pendant la nuit, le fort avait un arsenal complet: outre les classiques gardes et le pont-levis, des crocodiles se baignaient dans les douves et des tigres étaient prêts à se jeter sur les assaillants. Les elephant du nouveau maitre des lieux rentraient par la porte principale, et malgre la pente, pouvaient marcher de facon stable grace aux stries creusees dans le passage.
Nous avons parcouru une bonne partie (mais pas l'integralité, car l'ensemble est encore occupé par les militaires) du complexe. Notre guide nous a parlé de la pietra dura, que l'on voit assez nettement: des pierres précieuses colorées sont polies, ciselées et inscrustées dans le marbre. Nous avons fini la visite par le diwan-i-am ou le seigneur receivait les doléances du public (à la différence des notables):
Grande fût ma deception de ne pas pouvoir aller voir le Taj Mahal le lendemain pour le lever du soleil. Mais à cause du brouillard, notre guide, ainsi que notre hôte nous l'ont déconseillé. Ce qui m'a surprise en revanche le matin peu avant 7h, c'est d'entendre le chant du muezzin. Finalement, nous sommes partis pour le Taj Mahal, qui se trouvait très proche de notre B&B. Aymeric a fini sa banane en entrant dans le parc... juste à temps avant que les singes ne s'approchent pour la lui chiper.
Enfin, malgré la brume, nous y voilà ! Il est là, devant nous... et devant des centaines de touristes. Pour mémoire, le Taj Mahal est un mausolée de marbre blanc, dédié à l'épouse du 5e empereur mongol Shah Jahan, Mumtaz Mahal. Commencé en 1632, sa construction principale dura 11 ans seulement, puis 10 autres années pour les étapes suivantes (jardins, etc), pour un coût estimé a USD 827m (dollars de nos jours). Il aura nécessité 1000 éléphants et 22 000 ouvriers. Le marbre blanc provenait du Rajahstan, jasper du Punjab, la pierre de jade et le cristal de Chine. Pour proteger l'edifice, nous devons nous équiper de chaussons de toile.
La tombe est construite suivant les traditions perses (tombe de Timur à Samarkand) et Mohgol. Les décorations à l'exterieur sont principalement d'inspiration végétale ou calligraphiques (pas d'antropomorphisme). Un passage du Coran est inscrit sur le pourtour de la porte d'entrée qui mène aux tombes (des époux).
Il n'y a pas d'eau dans le bassin, mais les photos font illusion. Notre guide nous explique que le système d'irrigation est perfectionné, et que les 4 piliers qui encadrent les coins du mausolée sont légèrement inclinés vers l'exterieur... pour eviter, en cas de tremblement de terre, qu'ils ne tombent sur l'édifice.
Le Taj Mahal est flanqué de deux mosquées identiques de part et d'autres (pour des raisons de symétrie), dont une seule était utilisée. Les jardins ont apparemment perdu de leur superbe suite à la domination britannique, qui les a transformés dans un style "à l'anglaise", alors qu'auparavant, ils avaient été décris avec abondance de roses et d'arbres fruitiers.
Un voyageur francais du XVIIe a avancé l'idée qu 'il avait été question de construire un Taj Mahal noir, de l'autre côté de la rivière Yamouna (affluent du Gange et tout de même long de 1370km), mais en fait il s'agirait plutôt de marbre qui a viré au noir avec le temps.
Le batiment a souffert de pillages de pierres précieuses, et a dû subir une restoration fin XIXe- début XXe siècle.
Après cette visite, nous sommes allés voir rapidement le "baby taj", la tombe d'I'timād-ud-Daulah ("le seigneur des finances"), qui renferme les cercueils de Mirza Ghiyas Beg, grand-père de Mumtaz Mahal, et son épouse Asmat Beghum. Il est parfois décrit comme précurseur du futur Taj Mahal.
Après avoir mangé dans un restaurant (pour touristes...), nous sommes allés dans un magasin confectionnant justement du marbre avec des pierres incrustées avant de retourner nous pelotonner dans notre lit pour l'apres-midi.
Le lendemain, nous sommes partis relativement tôt pour aborder une longue route vers Jaipur et le Rajasthan. Nous nous sommes arrêtés a Fatehpur Sikri, l'ancienne capital de l'empire Moghol, créée par Akbar en 1571. La durée de vie de la capitale fut courte, car elle ne dura que 14 ans, quand Akbar partit à la suite d'un manque d'eau. Le suffixe "pur" signifie ville (Cf Singapour, Kuala Lumpur, Jaipur...), alors que Sukri signifie "remerciements". L'ancienne ville a quasiment disparu, ne reste que la cite principale, en surplomb. On accède à la cité en prenant un bus plein comme un oeuf. Au sein de la cite, une varété de palais ouverts, avec au milieu un pavement pour jouer aux échecs "grandeur nature". Encore plus haut, on accède a Buland darwaza, où il faut marcher sans chaussures, avec au milieu la grande tombe blanche de Salim Chishti (un édifice), elle-même jouxtant des tombes à même le sol. A l'intéieru il est demandé de verser un peu d'argent pour les plus démunis, échange d'un petit sac avec des fils entrelacés et quelques fleurs séchees. On rentre alors dans l'espace où sont faites les offrandes, pour nouer les fils aux fenêtres - les jalis (un fil = un voeu), deposer les fleurs et verser encore un peu d'argent.
Nous avons continué notre route vers Jaipur, que nous avons rejoint en fin d'après midi. D'apparence plus cossue qu'Agra, la ville est pleine de couleurs, de vendeurs de vêtements ou de maroquinerie, ou encore de pierres précieuses. On passe par plusieurs portes de pierre rose, comme certains bâtiments, ce qui vaut à la ville le surnom de ville rose. Nous sommes passés tout à côté du majestueux (mais en voiture et un peu trop près pour prendre de bonnes photos, avant de visiter le palais.
Très onéreux, la visite m'a décue, car je pensais voir d'autres choses impressionnantes. Le palais est toujours occupé par la famille descendant des Maharajas ("grand roi") Singh, qui sont les derniers monarques de la province de Jaipur, avant qu'Indira Gandhi ne mette fin à leur privilège royal en 1971. Certains espaces sont donc condamnés. La vue sur les jardins est belle, et nous avons pu y voir plusieurs paons (emblème national de l'Inde). La suite fut un peu plus rocambolesque. Nous avions trouvé une chambre d'hotel à un très bon prix, mais en y arrivant, on nous a prévenus qu'il n'y avait pas de chambres pour nous (ou plutôt qu; il n'en restait qu'une, insuffisant pour nous). Notre guide, qui nous accompagnait a joué les chevaliers servants en nous trouvant une chambre dans un hotêl tenus par des amis (hum hum...). Bon, côté comfort, ce n'était pas ca.
La porte d'accès vers le Palais national, encore une fois d'inspiration de Samarkande.
Je dois d'ailleurs signaler la malédiction-de-la-salle-de-bains qui s'abat sur nous depuis quelques années. Il faut en convenir, il est nettement moins agréable de prendre une douche dans une salle de bains froide. Et bien depuis la France, nous n'avons pas de quoi chauffer nos salles de bains. A Paris, notre salle de bains étant une ancienne cuisine, il y avait encore le garde-manger (!), à New York, nous ne mettions pas le chauffage car c'était soit off soit on, donc on mourrait de chaud très vite. Quand aux pays anglo-saxons (UK, HK, Inde donc...), pas de prise dans la salle de bains pour éviter les électrocutions. Donc on gèle depuis 12 ans. Ou presque, puisque le froid ne dure généralement pas si longtemps à Hong Kong...
Lever encore tôt le lendemain, pour partir vers le fort de Jaipur. Nous sommes partis tôt pour éviter les embouteillages, et effectivement notre guide a eu raison d'insister. Il y a en fait 2 forteresses à Jaipur. L'une, très à pic, est principalement un mur d'enceinte (ressemblant un peu à la muraille de Chine), et plus bas, se trouvait la forteresse où vivaient le prince et le harem (!). Les deux forts sont connectés par un passage souterrain (que nous aurions bien eu envie d'essayer). On y accède à Amber fort soit en voiture.... soit à dos d'éléphant, toujours maintenant (le matin seulement).
Amber fort, vu de la rive opposée.
Magnifique bâtisse, d'architecture Mongol, elle comporte des enceintes distinctes que nous avions déjà rencontrées dans d'autre palais: Diwan-e-Aam, salle des miroirs, etc. Une salle est dédíée à la déesse Sila Deli avec une porte comportant des scènes scuptées en relief. Les enceintes sont en général à base carrée, avec au milieu, soit soit un pavillon, soit des jardins. Les fenêtres sont grillagées pour voir sans être vu (pour les femmes surtout).
Porte Ganesh (du nom du dieu que rien n'arrête)
Une fois revenus dans Jaipur, nous avons apercu rapidement le Palais d'eau, puis nous sommes allés voir Jantar Mantar ("instruments de calcul"), un ensemble d'instruments astrologiques à grande échelle, construits en 1734 par le Maharaja Sawai Jai Singh II, fondateur de la ville. Le complexe est classé au patrimoine mondial de l'Unesco. C'était impressionant de voir que ces instruments, bâtis quasiment 4 siècles avant étaient déjà très précis, comme en témoigne l'heure constatée au cadran solaire).
Un cadran solaire géant mais précis
Et enfin il a fallu se diriger vers l'aéroport, un long voyage pour terminer notre périple. Comme fréquemment aux abord des péages, des mendiants (parfois des enfants) se dirigeaient droit vers notre voiture pour quémander, avec insistance, en nous faisant remarquer qu'ils avaient faim.
Aymeric a proposé une escale dans un "palais" a mi-chemin entre Jaipur et Delhi, qui en fait est une immense residence hoteliere: Fort Neemrana. Nous avons un peu parcouru l'ensemble, qui est construit à flan de coteau pour nous poser un peu.
Voyage sans problème pour Hong Kong, avec un passage à la nouvelle année dans l'avion !